Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/104

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Puis s’apercevant alors seulement de la pâleur et de l’altération des traits du soldat, qui était encore sous la pénible impression de sa scène avec Morok, Rose ajouta :

— Mais qu’est-ce que tu as ?… Comme tu es pâle !

— Moi, non, mes enfants… Je n’ai rien…

— Mais si, je t’assure… Tu as la figure toute changée… Rose a raison.

— Je vous assure… que je n’ai rien, répondit le soldat avec assez d’embarras, car il savait peu mentir.

Puis, trouvant une excellente excuse à son émotion, il ajouta :

— Si j’ai l’air d’avoir quelque chose, c’est votre frayeur qui m’aura inquiété, car, après tout c’est ma faute…

— Ta faute ?

— Oui, si j’avais perdu moins de temps à souper, j’aurais été là quand les carreaux ont été cassés… et je vous aurais épargné un vilain moment de peur.

— Te voilà… nous n’y pensons plus…

— Eh bien ! tu ne t’assieds pas ?

— Si, mes enfants, car nous avons à causer, dit Dagobert en approchant une chaise et se plaçant au chevet des deux sœurs. Ah çà ! êtes-vous bien éveillées ? ajouta-t-il en tâchant de