Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/113

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— Et puis, ajouta Blanche, nous prenant une main à chacune et inclinant son beau visage vers nous, il nous a ainsi longtemps regardées en silence avec tant de bonté… tant de bonté, que nous ne pouvions détacher nos yeux des siens.

— Oui, reprit Rose, et il nous semblait que, tour à tour, son regard nous attirait et nous allait au cœur… À notre grand chagrin, Gabriel nous a quittées en nous disant que la nuit d’ensuite, nous le verrions encore.

— Et il a reparu ?

— Sans doute, mais tu juges avec quelle impatience nous attendions le moment d’être endormies, pour voir si notre ami reviendrait nous trouver pendant notre sommeil.

— Hum !… ceci me rappelle, mesdemoiselles, que vous vous frottiez joliment les yeux avant-hier soir, dit Dagobert en se grattant le front, vous prétendiez tomber de sommeil… je parie que c’était pour me renvoyer plus tôt, et courir plus vite à votre rêve ?

— Oui, Dagobert.

— Le fait est que vous ne pouviez pas me dire comme à Rabat-Joie : « Va te coucher, Dagobert. » Et l’ami Gabriel est revenu ?

— Certainement, mais cette fois, il nous a beaucoup parlé, et au nom de notre mère il