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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/114

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nous a donné des conseils si touchants, si généreux, que, le lendemain, Rose et moi, nous avons passé tout notre temps à nous rappeler les moindres paroles de notre ange gardien… ainsi que sa figure et son regard…

— Ceci me fait souvenir, mesdemoiselles, qu’hier vous avez chuchoté tout le long de l’étape… et que quand je vous disais blanc, vous me répondiez noir.

— Oui, Dagobert, nous pensions à Gabriel.

— Et depuis nous l’aimons toutes deux autant qu’il nous aime…

— Mais il est seul pour vous deux ?

— Et notre mère, n’est-elle pas seule pour nous deux ?

— Et toi, Dagobert, n’es-tu pas aussi seul pour nous deux ?

— C’est juste !… Ah çà, mais savez-vous que je finirai par en être jaloux, de ce gaillard-là, moi ?…

— Tu es notre ami du jour, il est notre ami de nuit.

— Entendons-nous : si vous en parlez le jour et si vous en rêvez la nuit, qu’est-ce qui me restera donc à moi ?

— Il te restera… tes deux orphelines que tu aimes tant ! dit Rose.