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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/118

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Goûtez de tout… enfants, rien de trop bon pour vous… Régalez-vous. »

— Roi ! dirent les petites filles en joignant les mains avec admiration.

— Tout ce qu’il y a de plus roi… Oh ! il n’en était pas chiche, de couronnes, l’empereur. J’ai eu un camarade de lit, brave soldat du reste, qui a passé roi ; ça nous flattait, parce qu’enfin, quand c’était pas l’un, c’était l’autre ; tant il y a qu’à ce jeu-là votre père a été comte ; mais comte ou non, c’était le plus beau, le plus brave général de l’armée.

— Il était beau, n’est-ce pas, Dagobert ? notre mère le disait toujours.

— Oh ! oui, allez ; mais par exemple, il était tout le contraire de votre blondin d’ange gardien. Figurez-vous un brun superbe ; en grand uniforme, c’était à vous éblouir et à vous mettre le feu au cœur… Avec lui on aurait chargé jusque sur le bon Dieu !… si le bon Dieu l’avait demandé, bien entendu, se hâta d’ajouter Dagobert, en manière de correctif, ne voulant blesser en rien la foi naïve des orphelines.

— Et notre père était aussi bon que brave, n’est-ce pas, Dagobert ?

— Bon ! mes enfants ! lui ? je crois bien ! il aurait ployé un fer à cheval entre ses mains, comme vous plieriez une carte, et le jour où il a été