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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/123

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vie, et amoureux de votre mère, que l’on voulait marier à un autre, reprit-il. En 1814, nous apprenons la fin de la guerre, l’exil de l’empereur à l’île d’Elbe et le retour des Bourbons ; d’accord avec les Prussiens et les Russes, qui les avaient ramenés, ils avaient exilé l’empereur à l’île d’Elbe ; apprenant cela, votre mère dit au général : La guerre est terminée, vous êtes libre, l’empereur est malheureux, vous lui devez tout, allez le retrouver… je ne sais quand nous nous reverrons, mais je n’épouserai que vous, vous me trouverez jusqu’à la mort… Avant de partir, le général m’appelle : « Dagobert, reste ici, mademoiselle Éva aura peut-être besoin de toi pour fuir sa famille, si on la tourmente trop ; notre correspondance passera par tes mains ; à Paris, je verrai ta femme, ton fils, je les rassurerai… je leur dirai que tu es pour moi… un ami. »

— Toujours le même, dit Rose attendrie, en regardant Dagobert.

— Bon pour le père et la mère comme pour les enfants…, ajouta Blanche.

— Aimer les uns, c’est aimer les autres, répondit le soldat. Voilà donc le général à l’île d’Elbe avec l’empereur ; moi, à Varsovie, caché dans les environs de la maison de votre mère, je recevais les lettres et les lui portais en ca-