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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/124

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chette ;… dans une de ces lettres, je vous le dis fièrement, mes enfants, le général m’apprenait que l’empereur s’était souvenu de moi.

— De toi !… il te connaissait ?

— Un peu, je m’en flatte. « Ah ! Dagobert, » a-t-il dit à votre père qui lui parlait de moi, « un grenadier à cheval de ma vieille garde… soldat d’Égypte et d’Italie, criblé de blessures, un vieux pince-sans-rire… que j’ai décoré de ma main à Wagram, je ne l’ai pas oublié… » Dame ! mes enfants, quand votre mère m’a lu cela… j’en ai pleuré comme une bête…

— L’empereur… quel beau visage d’or il avait sur ta croix d’argent à ruban rouge que tu nous montrais, quand nous étions sages !

— C’est qu’aussi cette croix-là, donnée par lui, c’est ma relique, à moi, et elle est là dans mon sac avec ce que j’ai de plus précieux, notre boursicot et nos papiers… Mais pour en revenir à votre mère, de lui porter les lettres du général, d’en parler avec elle, ça la consolait, car elle souffrait ; oh ! oui, et beaucoup ; ses parents avaient beau la tourmenter, s’acharner après elle, elle répondait toujours : Je n’épouserai jamais que le général Simon. Fière femme, allez… Résignée, mais courageuse ; il fallait voir ! Un jour elle reçoit une