Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon Dieu, Dagobert, comment cela est-il possible ?

— C’est ce que j’ai dit au général. Il m’a répondu que jamais il n’avait pu s’expliquer cet événement, aussi incroyable que réel… Il fallait d’ailleurs que votre père eût été bien vivement frappé de la figure de cet homme, qui paraissait, disait-il, âgé d’environ trente ans, car il avait remarqué que ses sourcils, très-noirs et joints entre eux, n’en faisaient pour ainsi dire qu’un seul d’une tempe à l’autre, de sorte qu’il paraissait avoir le front rayé d’une marque noire… Retenez bien ceci, mes enfants, vous saurez tout à l’heure pourquoi.

— Oui, Dagobert, nous ne l’oublions pas…, dirent les orphelines de plus en plus étonnées.

— Comme c’est étrange, cet homme au front rayé de noir !

— Écoutez encore… le général avait été, je vous ai dit, laissé pour mort à Waterloo… Pendant la nuit qu’il a passée sur le champ de bataille dans une espèce de délire causé par la fièvre de ses blessures, il lui a paru voir, à la clarté de la lune, ce même homme penché sur lui, le regardant avec une grande douceur et une grande tristesse, étanchant le sang de ses plaies en tâchant de le ranimer… Mais comme