Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/137

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Tobolsk, d’où je viens, j’ai appris qu’elle habitait ce village. Conduisez-moi près d’elle. »

— Bon voyageur… je l’aime déjà, dit Rose.

— Il était l’ami de notre père.

— Je le prie d’attendre, je voulais prévenir votre mère pour que le saisissement ne lui fasse pas de mal ; cinq minutes après il entrait chez elle…

— Et comment était-il ce voyageur, Dagobert ?

— Il était très-grand, il portait une pelisse foncée et un bonnet de fourrure avec de longs cheveux noirs.

— Et sa figure était belle ?

— Oui, mes enfants, très-belle, mais il avait l’air si triste et si doux que j’en ai eu le cœur serré.

— Pauvre homme ! un grand chagrin, sans doute ?

— Votre mère était enfermée avec lui depuis quelques instants, lorsqu’elle m’a appelé pour me dire qu’elle venait de recevoir de bonnes nouvelles du général ; elle fondait en larmes et avait devant elle un gros paquet de papiers ; c’était une espèce de journal que votre père lui écrivait chaque soir, pour se consoler ; ne pouvant lui parler, il disait au papier ce qu’il lui aurait dit à elle…