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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/138

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— Et ces papiers, où sont-ils, Dagobert ?

— Là, dans mon sac, avec ma croix et notre bourse ; un jour je vous les donnerai : seulement j’en ai pris quelques feuillets que j’ai là, et que vous lirez tout à l’heure ; vous verrez pourquoi.

— Est-ce qu’il y avait longtemps que notre père était dans l’Inde ?

— D’après le peu de mots que m’a dit votre mère, le général était allé dans ce pays-là après s’être battu avec les Grecs contre les Turcs ; car il aime surtout à se mettre du parti des faibles contre les forts ; arrivé dans l’Inde, il s’est acharné après les Anglais… ils avaient assassiné nos prisonniers dans les pontons et torturé l’empereur à Sainte-Hélène, c’était bonne guerre et doublement bonne guerre, car en leur faisant du mal il servait une brave cause.

— Et quelle cause servait-il ?

— Celle d’un de ces pauvres princes indiens dont les Anglais ravagent le territoire jusqu’au jour où ils s’en emparent sans foi ni droit. Vous voyez, mes enfants, c’est encore se battre pour un faible contre des forts ; votre père n’y a pas manqué. En quelques mois il a si bien discipliné et aguerri les douze ou quinze mille hommes de troupes de ce prince, que, dans deux rencontres, elles ont exterminé les Anglais qui