Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/139

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avaient compté sans votre brave père, mes enfants… mais tenez… quelques pages de son journal vous en diront plus et mieux que moi ; de plus, vous y lirez un nom dont vous devez toujours vous souvenir, c’est pour cela que j’ai choisi ce passage.

— Oh ! quel bonheur !… lire ces pages écrites par notre père, c’est presque l’entendre, dit Rose.

— C’est comme s’il était là auprès de nous, ajouta Blanche.

Et les deux jeunes filles étendirent vivement les mains pour prendre les feuillets que Dagobert venait de tirer de sa poche.

Puis, par un mouvement simultané, rempli d’une grâce touchante, elles baisèrent, tour à tour et en silence, l’écriture de leur père.

— Vous verrez aussi, mes enfants, à la fin de cette lettre, pourquoi je m’étonnais de ce que votre ange gardien, comme vous le dites, s’appelait Gabriel… Lisez… lisez…, ajouta le soldat en voyant l’air surpris des orphelines. Seulement, je dois vous dire que lorsqu’il écrivait cela, le général n’avait pas encore rencontré le voyageur qui a apporté ces papiers.

Rose, assise dans son lit, prit les feuillets et commença de lire d’une voix douce et émue.

Blanche, la tête appuyée sur l’épaule de sa