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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/140

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sœur, suivait avec attention. On voyait même, au léger mouvement de ses lèvres, qu’elle lisait aussi, mais mentalement.




VIII


Fragments du journal du général Simon.


« Bivac des montagnes d’Ava, 20 février 1830.

« … Chaque fois que j’ajoute quelques feuilles à ce journal, écrit maintenant au fond de l’Inde où m’a jeté ma vie errante et proscrite, journal que, hélas ! tu ne liras peut-être jamais, mon Éva bien-aimée, j’éprouve une sensation, à la fois douce et cruelle, car cela me console de causer ainsi avec toi, et pourtant mes regrets ne sont jamais plus amers que lorsque je te parle ainsi sans te voir.

« Enfin, si ces pages tombent sous tes yeux, ton généreux cœur battra au nom de l’être intrépide à qui aujourd’hui j’ai dû la vie, à qui je devrai peut-être ainsi le bonheur de te revoir un jour… toi et mon enfant, car il vit, n’est-ce pas, notre enfant ? Il faut que je le croie ; sans