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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/141

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cela, pauvre femme, quelle serait ton existence, au fond de ton affreux exil ?… Cher ange, il doit avoir maintenant quatorze ans… Comment est-il ? Il te ressemble, n’est-ce pas ? il a tes grands et beaux yeux bleus… Insensé que je suis !… Combien de fois, dans ce long journal, je t’ai déjà fait involontairement cette folle question à laquelle tu ne dois pas répondre !… Combien de fois… je dois te la faire encore !… Tu apprendras donc à notre enfant à prononcer et à aimer le nom un peu barbare de Djalma. »

— Djalma, dit Rose, les yeux humides, en interrompant sa lecture.

— Djalma, reprit Blanche, partageant l’émotion de sa sœur. Oh ! nous ne l’oublierons jamais, ce nom.

— Et vous aurez raison, mes enfants, car il paraît que c’est celui d’un fameux soldat, quoique bien jeune. Continuez, ma petite Rose.

« Je t’ai raconté dans les feuilles précédentes, ma chère Éva, reprit Rose, les deux bonnes journées que nous avions eues ce mois-ci ; les troupes de mon vieil ami le prince indien, de mieux en mieux disciplinées à l’européenne, ont fait merveille. Nous avons culbuté les Anglais, et ils ont été forcés d’abandonner une partie de ce malheureux pays envahi par eux au mépris de tout droit, de toute justice,