Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/146

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dans les montagnes où je suis né ; telle est sa devise. Ce n’est pas forfanterie ; c’est conscience de ce qui est droit et juste. « Mais vous serez brisé dans la lutte, lui ai-je dit ! — Mon ami, si pour vous forcer à une action honteuse, on vous disait : Cède ou meurs ? », me demanda-t-il. De ce jour, je l’ai compris, et je me suis voué corps et âme à cette cause toujours sacrée du faible contre le fort. Tu vois, mon Éva, que Djalma se montre digne d’un tel père. Ce jeune Indien est d’une bravoure si héroïque, si superbe, qu’il combat comme un jeune Grec du temps de Léonidas, la poitrine nue, tandis que les autres soldats de son pays, qui en effet restent habituellement les épaules, les bras et la poitrine découverts, endossent pour la guerre une casaque assez épaisse ; la folle intrépidité de cet enfant m’a rappelé le roi de Naples dont je t’ai si souvent parlé et que j’ai vu cent fois à notre tête dans les charges les plus périlleuses, ayant pour toute armure une cravache à la main. »

— Celui-là est encore un de ceux dont je vous parlais, et que l’empereur s’amusait à faire jouer au monarque, dit Dagobert. J’ai vu un officier prussien prisonnier, à qui cet enragé roi de Naples avait cinglé la figure d’un coup de cravache ; la marque y était bleue et rouge. Le Prussien disait en jurant qu’il était