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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/147

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déshonoré ; qu’il aurait mieux aimé un coup de sabre… Je le crois bien… Diable de monarque ! il ne connaissait qu’une chose : marcher droit au canon ; dès qu’on canonnait quelque part, on aurait dit que ça l’appelait par tous ses noms, et il accourait en disant : « Présent… » Si je vous parle de lui, mes enfants, c’est qu’il répétait à qui voulait l’entendre : « Personne n’entamera un carré que le général Simon ou moi nous n’entamerions pas. »

Rose continua :

« J’ai remarqué avec peine que, malgré son jeune âge, Djalma avait souvent des accès de mélancolie profonde. Parfois, j’ai surpris entre son père et lui des regards singuliers… malgré notre attachement mutuel, je crois que tous deux me cachent quelque triste secret de famille, autant que j’en ai pu juger par plusieurs mots échappés à l’un et à l’autre ; il s’agit d’un événement bizarre, auquel leur imagination naturellement rêveuse et exaltée aura donné un caractère surnaturel.

« Du reste, tu sais, mon amie, que nous avons perdu le droit de sourire de la crédulité d’autrui… Moi, depuis la campagne de France, où il m’est arrivé cette aventure si étrange, que je ne puis encore m’expliquer… »

— C’est celle de cet homme qui s’est jeté de-