Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/151

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mais qu’il ne savait pas alors devoir être éternelle !

— Pauvre général… il ignore notre malheur, dit Dagobert, après un moment de silence ; mais il ignore aussi qu’au lieu d’un enfant, il y en a deux… Ce sera du moins une consolation… Mais tenez, Blanche, continuez de lire, je crains que cela ne fatigue votre sœur… Elle est trop émue… Et puis, après tout, il est juste que vous partagiez le plaisir et le chagrin de cette lecture.

Blanche prit la lettre, et Rose, essuyant ses yeux pleins de larmes, appuya à son tour sa jolie tête sur l’épaule de sa sœur, qui continua de la sorte :

« Je suis plus calme maintenant, ma tendre Éva ; un moment j’ai cessé d’écrire, et j’ai chassé ces noires idées ; reprenons notre entretien.

« Après avoir ainsi longuement causé de l’Inde avec toi, je te parlerai un peu de l’Europe ; hier au soir, un de nos gens, homme très-sûr, a rejoint nos avant-postes ; il m’apportait une lettre arrivée de France à Calcutta ; enfin, j’ai des nouvelles de mon père, mon inquiétude a cessé. Cette lettre est datée du mois d’août de l’an passé. J’ai vu, par son contenu, que plusieurs autres lettres auxquelles il fait allusion ont été retardées ou égarées, car depuis près de deux