Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/187

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Pâle, haletant, l’oreille collée à la serrure, il écoutait…

Peu à peu les rugissements avaient cessé, il n’entendait plus qu’un grondement sourd et ces appels sinistres répétés par la voix dure et brève du Prophète :

— La Mort !… ici… la Mort !

La nuit était profondément obscure, Dagobert n’aperçut pas Goliath qui, rampant avec précaution le long du toit recouvert en tuiles, rentrait dans le grenier par la fenêtre de la mansarde.

Bientôt la porte de la cour s’ouvrit de nouveau ; le maître de l’auberge parut, suivi de plusieurs hommes ; armé d’une carabine, il s’avançait avec précaution, ses gens portaient des fourches et des bâtons.

— Que se passe-t-il donc ? dit-il en s’approchant de Dagobert, quel trouble dans mon auberge !… Au diable les montreurs de bêtes et les négligents qui ne savent pas attacher le licou d’un cheval à la mangeoire… Si votre bête est blessée… tant pis pour vous, il fallait être plus soigneux.

Au lieu de répondre à ces reproches, le soldat, écoutant toujours ce qui se passait en dedans du hangar, fit un geste de la main pour réclamer le silence.