Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/221

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l’air d’un mendiant ou d’un vagabond, n’est-ce pas ? Et puis enfin… vous comprenez qu’un honnête homme qui voyage avec deux jeunes filles…

— Que de paroles ! Vos papiers ?

Deux puissants auxiliaires vinrent, par un bonheur inespéré, au secours du soldat.

Les orphelines, de plus en plus inquiètes, et entendant toujours Dagobert parler sur le palier, s’étaient levées et habillées ; de sorte qu’au moment où le magistrat disait d’une voix brusque : Que de paroles !… Vos papiers ? Rose et Blanche, se tenant par la main, sortirent de la chambre.

À la vue de ces deux ravissantes figures, que leurs pauvres vêtements de deuil rendaient encore plus intéressantes, le bourgmestre se leva, frappé de surprise et d’admiration.

Par un mouvement spontané, chaque sœur prit une main de Dagobert et se serra contre lui en regardant le magistrat d’un air à la fois inquiet et candide.

C’était un tableau si touchant, que ce vieux soldat présentant pour ainsi dire à son juge ces deux gracieux enfants aux traits remplis d’innocence et de charme, que le bourgmestre, par un nouveau retour à des sentiments pitoyables, se sentit vivement ému ; Dagobert