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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/232

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À cette agression, Morok tressaillit de joie.

En effet, Dagobert, exaspéré, renonçant à tout espoir, se laissait malheureusement aller à la violence de sa colère si péniblement contenue depuis quelques heures.

Lorsque le bourgmestre vit son bonnet à ses pieds, il regarda le dompteur de bêtes avec stupeur, comme s’il hésitait à croire à une pareille énormité.

Dagobert, regrettant son emportement, sachant qu’il ne lui restait aucun moyen de conciliation, jeta un coup d’œil rapide autour de lui, et, reculant de quelques pas, gagna ainsi les premières marches de l’escalier.

Le bourgmestre se tenait debout, à côté du banc, dans un angle du palier ; Morok, le bras en écharpe, afin de donner une plus sérieuse apparence à sa blessure, était auprès du magistrat. Celui-ci, trompé par le mouvement de retraite de Dagobert, s’écria :

— Ah ! tu crois échapper après avoir osé porter la main sur moi… vieux misérable !

— M. le bourgmestre… pardonnez-moi… C’est un mouvement de vivacité que je n’ai pu maîtriser ; je me reproche cette violence, dit Dagobert d’une voix repentante, en baissant humblement la tête.

— Pas de pitié pour toi… malheureux ! Tu