Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/234

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joues, allons, descends devant moi… Quant à toi, Morok, tu vas…

Le bourgmestre ne put achever.

Depuis quelques minutes, Dagobert ne cherchait qu’à gagner du temps ; il étudiait du coin de l’œil une porte entr’ouverte, faisant face, sur le palier, à la chambre occupée par les orphelines ; trouvant le moment favorable, il s’élança, rapide comme la foudre, sur le bourgmestre, le prit à la gorge et le jeta si rudement contre la porte entre-bâillée, que le magistrat, stupéfait de cette brusque attaque, ne pouvant dire une parole ni pousser un cri, alla rouler au fond de la chambre complètement obscure.

Puis se retournant vers Morok, qui, le bras en écharpe, et voyant l’escalier libre, s’y précipitait, le soldat le rattrapa par sa longue chevelure flottante, l’attira à lui, l’enlaça dans ses bras de fer, lui mit la main sur la bouche pour étouffer ses cris, et, malgré sa résistance désespérée, le poussa, le traîna dans la chambre au fond de laquelle le bourgmestre gisait déjà confus et étourdi.

Après avoir fermé la porte à double tour, et mis la clef dans sa poche, Dagobert, en deux bonds, descendit l’escalier qui aboutissait à un couloir donnant sur la cour. La porte de l’au-