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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/244

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heures du matin, assis à ce bureau, un homme écrivait.

Cet homme était M. Rodin, le correspondant de Morok le dompteur de bêtes.

Âgé de cinquante ans, il portait une vieille redingote olive râpée, au collet graisseux, un mouchoir à tabac pour cravate, un gilet et un pantalon de drap noir qui montraient la corde ; ses pieds, chaussés de gros souliers huilés, reposaient sur un petit carré de tapis vert placé sur le carreau rouge et brillant. Ses cheveux gris s’aplatissaient sur ses tempes et couronnaient son front chauve ; ses sourcils étaient à peine indiqués ; sa paupière supérieure, flasque et retombante comme la membrane qui voile à demi les yeux des reptiles, cachait à moitié son petit œil vif et noir ; ses lèvres, minces, absolument incolores, se confondaient avec la teinte blafarde de son visage maigre, au nez pointu, au menton pointu ; ce masque livide, et pour ainsi dire sans lèvres, semblait d’autant plus étrange, qu’il était d’une immobilité sépulcrale ; sans le mouvement rapide des doigts de M. Rodin, qui, courbé sur son bureau, faisait grincer sa plume, on l’eût pris pour un cadavre.

À l’aide d’un chiffre (alphabet secret) placé devant lui, il transcrivait, d’une manière inin-