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Au nom du général Simon, un nuage passa sur les traits du maître de Rodin.




XVI


Les ordres.


(Les maisons de province correspondent avec celles de Paris ; elles sont en relation directe avec le général qui réside à Rome. La correspondance des jésuites, si active, si variée et organisée d’une manière si merveilleuse, a pour objet de fournir aux chefs tous les renseignements dont ils peuvent avoir besoin : chaque jour, le général reçoit une foule de rapports qui se contrôlent mutuellement. Il existe dans la maison centrale, à Rome, d’immenses registres où sont inscrits les noms de tous les jésuites, de leurs affiliés et de tous les gens considérables, amis ou ennemis, à qui ils ont affaire. Dans ces registres, sont rapportés, sans altération, sans haine, sans passion, les faits relatifs à la vie de chaque individu. C’est là le plus gigantesque recueil biographique qui ait jamais été formé. La conduite d’une femme légère, les fautes cachées d’un homme d’État, sont racontées dans ce livre avec une froide impartialité. Rédigées dans un but d’utilité, ces biographies sont nécessairement exactes. Quand on a besoin d’agir sur un individu, on ouvre le livre, et l’on connaît immédiatement sa vie, son caractère, ses qualités, ses défauts, ses projets, sa famille, ses amis, ses liaisons les plus secrètes. Concevez-vous, monsieur, toute la supériorité d’action que donne à une compagnie cet immense livre de police qui embrasse le monde entier ? Je ne vous