Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/306

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comme si un corps rampant avec lenteur ébranlait la base de leurs tiges.

De temps à autre, cette faible oscillation cessait brusquement ; tout redevenait immobile.

Après plusieurs de ces alternatives de bruissement et de profond silence, une tête humaine apparut au milieu des joncs, à peu de distance du tronc de l’arbre mort.

Cet homme, d’une figure sinistre, avait le teint couleur de bronze verdâtre, de longs cheveux noirs tressés autour de sa tête, des yeux brillant d’un éclat sauvage, et une physionomie remarquablement intelligente et féroce. Suspendant son souffle, il demeura un moment immobile, puis, s’avançant sur les mains et sur les genoux, en écartant si doucement les feuilles, qu’on n’entendait pas le plus petit bruit, il atteignit ainsi avec prudence et lenteur le tronc incliné de l’arbre mort dont le faîte touchait presque au toit de l’ajoupa.

Cet homme, Malais d’origine et appartenant à la secte des étrangleurs, après avoir écouté de nouveau, sortit presque entièrement des broussailles ; sauf une espèce de caleçon de coton blanc serré à sa taille par une ceinture bariolée de couleurs tranchantes, il était entièrement nu ; une épaisse couche d’huile enduisait ses membres bronzés, souples et nerveux.