Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/31

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n’empêchait pas le Prophète d’employer aussi pour les dompter le terrible arsenal épars autour de lui.

Assis devant une table, il vient d’ouvrir le double fond d’une petite caisse remplie de chapelets et autres bimbeloteries semblables, à l’usage des dévotieux ; dans ce double fond, fermé par une serrure à secret, se trouvent plusieurs enveloppes cachetées, ayant seulement pour adresse un numéro combiné avec une lettre de l’alphabet. Le Prophète prend un de ces paquets, le met dans la poche de sa pelisse ; puis fermant le secret du double fond, il replace la caisse sur une tablette.

Cette scène se passe sur les quatre heures de l’après-dîner, à l’auberge du Faucon blanc, unique hôtellerie du petit village de Mockern, situé près de Leipzig, en venant du Nord vers la France.

Au bout de quelques moments, un rugissement rauque et souterrain fait trembler le grenier.

Judas ! tais-toi ! dit le Prophète d’un ton menaçant, en tournant la tête vers la trappe.

Un autre grondement sourd, mais aussi formidable qu’un tonnerre lointain, se fait alors entendre.

Caïn ! tais-toi ! crie Morok en se levant.