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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/32

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Un troisième rugissement d’une férocité inexprimable éclate tout à coup.

La Mort ! te tairas-tu ! s’écrie le Prophète.

Et il se précipite vers la trappe, s’adressant à un troisième animal invisible qui porte ce nom lugubre de la Mort.

Malgré l’habituelle autorité de sa voix, malgré les menaces réitérées, le dompteur de bêtes ne peut obtenir de silence ; bientôt, au contraire, les aboiements de plusieurs dogues se joignent aux rugissements des bêtes féroces.

Morok saisit une pique, s’approche de l’échelle, il va descendre, lorsqu’il voit quelqu’un sortir de la trappe.

Ce nouveau venu a une figure brune et hâlée ; il porte un chapeau gris à forme ronde et à larges bords, une veste courte et un large pantalon de drap vert ; ses guêtres de cuir poudreuses annoncent qu’il vient de parcourir une longue route ; une gibecière est attachée sur son dos par une courroie.

— Au diable les animaux ! s’écria-t-il en mettant le pied sur le plancher, depuis trois jours on dirait qu’ils m’ont oublié… Judas a passé sa patte à travers les barreaux de sa cage… et la Mort a bondi comme une furie ;… ils ne me reconnaissent donc plus ?

Ceci fut dit en allemand.