Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/319

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peu à peu de l’éventer ; puis il parvint à relever, avec une incroyable dextérité, jusqu’à la saignée, la large et longue manche de mousseline blanche qui cachait le bras gauche de Djalma.

Tirant alors de la poche de son caleçon une petite boîte de cuivre, il y prit une aiguille d’une finesse, d’une acuité extraordinaires, et un tronçon de racine noirâtre.

Il piqua plusieurs fois cette racine avec l’aiguille. À chaque piqûre, il en sortait une liqueur blanche et visqueuse.

Lorsque l’étrangleur crut l’aiguille suffisamment imprégnée de ce suc, il se courba et souffla doucement sur la partie interne du bras de Djalma, afin d’y causer une nouvelle sensation de fraîcheur ; alors, à l’aide de son aiguille, il traça presque imperceptiblement, sur la peau du jeune homme endormi, quelques signes mystérieux et symboliques.

Ceci fut exécuté avec tant de prestesse, la pointe de l’aiguille était si fine, si acérée, que Djalma ne ressentit pas la légère érosion qui effleura son épiderme.

Bientôt les signes que l’étrangleur venait de tracer apparurent d’abord en traits d’un rose pâle à peine sensible, et aussi déliés qu’un cheveu ; mais telle était la puissance corrosive et