Morok répondit en s’exprimant dans la même langue avec un léger accent étranger.
— Bonnes ou mauvaises nouvelles, Karl ? demanda-t-il avec inquiétude.
— Bonnes nouvelles…
— Tu les as rencontrés ?
— Hier, à deux lieues de Wittemberg…
— Dieu soit loué ! s’écria Morok en joignant les mains avec une expression de satisfaction profonde.
— C’est tout simple… de Russie en France, c’est la route obligée ; il y avait mille à parier contre un qu’on les rencontrerait entre Wittemberg et Leipzig.
— Et le signalement ?
— Très-fidèle ; les deux jeunes filles sont en deuil, le cheval est blanc, le vieillard a une longue moustache, un bonnet de police bleu, une houppelande grise… et un chien de Sibérie sur les talons.
— Et tu les as quittés… ?
— À une lieue… avant une demi-heure ils arriveront ici.
— Et dans cette auberge… puisqu’elle est la seule de ce village, dit Morok d’un air pensif.
— Et que la nuit vient…, ajouta Karl.
— As-tu fait causer le vieillard ?
— Lui… Vous n’y pensez pas !