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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/330

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tants, si allègrement campé sur sa fière cavale noire qui couvrait d’écume sa bride rouge et dont la longue queue et la crinière épaisse ondoyaient au vent du soir.

Mais, par un contraste qui succède à tous les désirs humains, Djalma se sentit bientôt atteint d’un ressentiment de mélancolie indéfinissable et douce ; il porta la main à ses yeux humides et voilés, laissant tomber ses rênes sur le cou de sa docile monture.

Aussitôt celle-ci s’arrêta, allongea son encolure de cygne, et tourna la tête à demi vers le personnage qu’elle apercevait à travers les taillis.

Cet homme, nommé Mahal le contrebandier, était vêtu à peu près comme les matelots européens. Il portait une veste et un pantalon de toile blanche, une large ceinture rouge et un chapeau de paille très-plat de forme ; sa figure était brune, caractérisée, et, quoiqu’il eût quarante ans, complètement imberbe.

En un instant Mahal fut auprès du jeune Indien.

— Vous êtes le prince Djalma ? lui dit-il en assez mauvais français, en portant respectueusement la main à son chapeau.

— Que veux-tu ?… dit l’Indien.

— Vous êtes… le fils de Kadja-Sing ?