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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/358

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— Il se peut, dit Faringhea après un moment de réflexion, que le nœud qui serrait le cou du voyageur ait été arrêté, qu’il lui soit resté un souffle de vie ; l’air aura pénétré à travers les joncs dont nous avons recouvert sa fosse, et il sera revenu à la vie.

— Non, non, dit l’Indien en secouant la tête, cet homme n’est pas de notre race…

— Explique-toi.

— Maintenant je sais…

— Tu sais ?

— Écoutez, dit l’Indien d’une voix solennelle, le nombre des victimes que les fils de Bhowanie ont sacrifiées depuis le commencement des siècles, n’est rien auprès de l’immensité de morts et de mourants que ce terrible voyageur laisse derrière lui dans sa marche homicide.

— Lui !… s’écrièrent le nègre et Faringhea.

— Lui, répéta l’Indien avec un accent de conviction dont ses compagnons furent frappés. Écoutez encore et tremblez : lorsque j’ai rencontré ce voyageur aux portes de Bombay… il venait de Java, et il allait vers le Nord… m’a-t-il dit. Le lendemain Bombay était ravagé par le choléra… et quelque temps après on apprenait que ce fléau avait d’abord éclaté ici… à Java.