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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/393

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nêtes pour avoir songé à grappiller pour nos vieux jours, et ma foi… il serait dur à notre âge de chercher une autre condition, que nous ne trouverions peut-être pas… Ah ! tout ce que je regrette, c’est que mademoiselle Adrienne ne garde pas la terre… car il paraît que c’est elle qui a voulu la vendre… et que madame la princesse n’était pas de cet avis-là.

— Mon Dieu, Dupont, tu ne trouves pas bien extraordinaire de voir mademoiselle Adrienne, à son âge, si jeune, disposer elle-même de sa grande fortune ?

— Dame, c’est tout simple ; mademoiselle, n’ayant plus ni père ni mère, est maîtresse de son bien, sans compter qu’elle a une fameuse petite tête ; te rappelles-tu, il y a dix ans, quand M. le comte l’a amenée ici, un été, quel démon !… quelle malice ! et puis quels yeux ! hein ? comme ils pétillaient déjà !

— Le fait est que mademoiselle Adrienne avait alors dans le regard… une expression… enfin une expression bien extraordinaire pour son âge.

— Si elle a tenu ce que promettait sa mine lutine et chiffonnée, elle doit être bien jolie à présent, malgré la couleur un peu hasardée de ses cheveux, car, entre nous… si elle était une petite bourgeoise au lieu d’être une demoiselle