Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/394

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de grande naissance, on dirait tout bonnement qu’elle est rousse.

— Allons, encore des méchancetés !

— Contre mademoiselle Adrienne ? Le ciel m’en préserve !… car elle avait l’air de devoir être aussi bonne que jolie… Ce n’est pas pour lui faire tort que je dis qu’elle est rousse… Au contraire, car je me rappelle que ses cheveux étaient si fins, si brillants, si dorés ; qu’ils allaient si bien à son teint blanc comme la neige et à ses yeux noirs, qu’en vérité on ne les aurait pas voulus autrement ; aussi je suis sûr que maintenant cette couleur de cheveux, qui aurait nui à d’autres, rend la figure de mademoiselle Adrienne plus piquante encore ; ça doit être une vraie mine de petit diable.

— Oh ! pour diable, il faut être juste, elle l’était bien… toujours à courir dans le parc, à faire endêver sa gouvernante, à grimper aux arbres… enfin, à faire les cent coups.

— Je t’accorde que mademoiselle Adrienne est un diable incarné ; mais que d’esprit ! que de gentillesse ! et surtout quel bon cœur ! hein ?

— Ça, pour bonne, elle l’était. Est-ce qu’une fois elle ne s’est pas avisée de donner son châle et sa robe de mérinos toute neuve à une petite pauvresse, tandis qu’elle-même revenait au château en jupon… et nu-bras !…