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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/395

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— Tu vois, du cœur, toujours du cœur ; mais une tête… oh ! une tête !

— Oui, une bien mauvaise tête, aussi ça devait mal finir, car il paraît qu’elle fait à Paris des choses… mais des choses…

— Quoi donc ?…

— Ah ! mon ami, je n’ose pas…

— Mais voyons…

— Eh bien, ajouta la digne femme avec une sorte d’embarras et de confusion qui prouvait combien tant d’énormités l’effrayaient, on dit que mademoiselle Adrienne ne met jamais le pied dans une église… qu’elle s’est logée toute seule dans un temple idolâtre, au bout du jardin de l’hôtel de sa tante… qu’elle se fait servir par des femmes masquées qui l’habillent en déesse, et qu’elle les égratigne toute la journée, parce qu’elle se grise… Sans compter que toutes les nuits elle joue d’un cor de chasse en or massif ;… ce qui fait, tu le sens bien, le désespoir et la désolation de sa pauvre tante, la princesse.

Ici le régisseur partit d’un éclat de rire qui interrompit sa femme.

— Ah çà, lui dit-il quand son accès d’hilarité fut passé, qui t’a fait ces beaux contes-là sur mademoiselle Adrienne ?

— C’est la femme de René qui était allée à