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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/397

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comme il jouait bien la comédie !… Je me rappelle…

Le régisseur ne put continuer.

Une grosse servante, portant le costume et le bonnet picards, entra précipitamment, et s’adressant à sa maîtresse :

— Madame… il y a là un bourgeois qui demande à parler tout de suite à monsieur ; il arrive de Saint-Valery dans la carriole du maître de poste… il dit qu’il s’appelle M. Rodin.

— M. Rodin ! dit le régisseur en se levant, fais entrer tout de suite.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un instant après, M. Rodin entra ; il était, selon sa coutume, plus que modestement vêtu ; il salua très-humblement le régisseur et sa femme ; celle-ci, sur un signe de son mari, disparut.

La figure cadavéreuse de M. Rodin, ses lèvres presque invisibles, ses petits yeux de reptile à demi voilés par sa flasque paupière supérieure, ses vêtements presque sordides, lui donnaient une physionomie très-peu engageante ; pourtant cet homme, lorsqu’il le fallait, savait, avec un art diabolique, affecter tant de bonhomie, tant de sincérité ; sa parole devenait si affectueuse, si subtilement pénétrante, que peu à peu l’impression désagréable, répugnante, que