Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/398

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son aspect inspirait d’abord, s’effaçait, et presque toujours il finissait par enlacer invinciblement sa dupe ou sa victime dans les replis tortueux de sa faconde aussi souple que mielleuse et perfide, car on dirait que le laid et le mal ont leur fascination comme le beau et le bien… L’honnête régisseur regardait cet homme avec surprise, en songeant aux pressantes recommandations de l’intendant de la princesse de Saint-Dizier ; il s’attendait à voir un tout autre personnage ; aussi, pouvant à peine dissimuler son étonnement, il lui dit :

— C’est bien à M. Rodin que j’ai l’honneur de parler ?

— Oui, monsieur… et voici une nouvelle lettre de l’intendant de madame la princesse de Saint-Dizier.

— Veuillez, je vous prie, monsieur, pendant que je vais lire cette lettre, vous approcher du feu… Il fait un temps si mauvais ! dit le régisseur avec empressement, pourrait-on vous offrir quelque chose ?

— Mille remerciements, mon cher monsieur… je repars dans une heure…

Pendant que M. Dupont lisait, M. Rodin jetait un regard interrogateur sur l’intérieur de cette chambre ; car, en homme habile, il tirait souvent des inductions très-justes et très-