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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/432

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elles… Oh ! pour celui-là, on peut le dire, c’est un héros !…

— Un héros ?

— Oui. Figure-toi…

— Tu me diras cela tout à l’heure… passe donc au moins cette robe de chambre qui est bien sèche, car tu es trempé d’eau… bois un peu de ce vin chaud… tiens.

— Ce n’est pas de refus, car je suis gelé… Je te disais donc que celui qui avait sauvé ces jeunes filles était un héros ;… le courage qu’il a montré est au-dessus de ce qu’on peut imaginer… Nous partons d’ici avec les hommes de la ferme, nous descendons le petit sentier à pic, et nous arrivons enfin au pied de la falaise… à la petite anse des Goëlands, heureusement un peu abritée des lames par cinq ou six énormes blocs de roches assez avancés dans la mer. Au fond de l’anse… qu’est-ce que nous trouvons ? les deux jeunes filles dont je te parle, évanouies, les pieds trempant dans l’eau, mais adossées à une roche, comme si elles eussent été placées là après avoir été retirées de la mer.

— Chers enfants !… c’est à fendre le cœur, dit M. Rodin en portant, selon son habitude, le bout de son petit doigt gauche à l’angle de son œil droit pour y essuyer une larme qui s’y montrait rarement.