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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/440

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lante de celui qui venait de les arracher à une mort certaine.

Les vêtements noirs de Rose et de Blanche ruisselaient d’eau ; leur figure d’une grande pâleur, exprimait une douleur profonde, des larmes récentes sillonnaient leurs joues ; les yeux mornes, baissés, tremblant d’émotion et de froid, les orphelines songeaient avec désespoir qu’elles ne reverraient plus Dagobert, leur guide, leur ami… car c’était à lui que Gabriel avait tendu en vain une main secourable, pour l’aider à gravir les rochers ; malheureusement les forces leur avaient manqué à tous deux… et le soldat s’était vu emporter par le retrait d’une lame.

La vue de Gabriel fut un nouveau sujet de surprise pour Rodin, qui s’était retiré à l’écart, afin de tout examiner ; mais cette surprise était si heureuse… il éprouva tant de joie de voir le missionnaire sauvé d’une mort certaine, que la cruelle impression qu’il avait ressentie à la vue des filles du général Simon s’adoucit un peu. (On n’a pas oublié qu’il fallait, pour les projets de M. Rodin, que Gabriel fût à Paris le 13 février.)

Le régisseur et sa femme, tendrement émus à l’aspect des orphelines, s’approchèrent d’elles avec empressement.