Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/455

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et que vous ne pouviez voir qu’en rêve… car il n’y a pas d’ange visible pour nous.

— Il n’y a pas d’anges visibles ? dirent les orphelines en se regardant avec tristesse.

— Il n’importe, mes chères sœurs, dit Gabriel en prenant affectueusement les mains des jeunes filles entre les siennes, les rêves… comme toute chose… viennent de Dieu ;… puisque le souvenir de votre mère était mêlé à ce rêve… bénissez-le doublement.

À ce moment une porte s’ouvrit et Dagobert parut.

Jusqu’alors, les orphelines, dans leur ambition naïve d’être protégées par un archange, ne s’étaient pas rappelé que la femme de Dagobert avait adopté un enfant abandonné qui s’appelait Gabriel et qui était prêtre et missionnaire.

Le soldat, quoiqu’il se fût opiniâtré à soutenir que sa blessure était une blessure blanche (pour se servir des termes du général Simon), avait été soigneusement pansé par le chirurgien du village ; un bandeau noir lui cachait à moitié le front et augmentait encore son air naturellement rébarbatif.

En entrant dans le salon, il fut très-surpris de voir un inconnu tenir familièrement entre ses mains les mains de Blanche et de Rose. Cet étonnement se conçoit : Dagobert ignorait que