Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/457

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— En souffres-tu ? ajouta Blanche.

— Non, mes enfants… c’est le major du village qui a voulu m’entortiller de ce bandage ; j’aurais sur la tête une résille de coups de sabre que je ne serais pas autrement embéguiné ; on me prendra pour un vieux délicat ; ce n’est qu’une blessure blanche, et j’ai envie de…

Le soldat porta une de ses mains à son bandeau.

— Veux-tu laisser cela ! dit Rose en arrêtant le bras de Dagobert. Es-tu peu raisonnable… à ton âge !

— Bien, bien ! ne me grondez pas, je ferai ce que vous voulez… je garderai ce bandeau.

Puis, attirant les orphelines dans un angle du salon, il leur dit à voix basse en leur montrant le jeune prêtre du coin de l’œil :

— Quel est ce monsieur… qui vous prenait les mains… quand je suis entré ?… Ça m’a l’air d’un curé… Voyez-vous, mes enfants… il faut prendre garde… parce que…

— Lui ! s’écrièrent Rose et Blanche en se retournant vers Gabriel, mais pense donc que, sans lui… nous ne t’embrasserions pas à cette heure…

— Comment ? s’écria le soldat en redressant brusquement sa grande taille et regardant le missionnaire.