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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/459

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touchante. En me conservant ces enfants, vous aviez déjà plus fait pour moi que si vous m’aviez conservé la vie… Mais quel courage !… quel cœur !… dit le soldat avec admiration. Et si jeune !… l’air d’une fille !…

— Comment ! s’écria Blanche avec joie, notre Gabriel est aussi venu à toi ?

— Gabriel ! dit Dagobert en interrompant Blanche, et s’adressant au prêtre : Vous vous appelez Gabriel ?

— Oui, monsieur.

— Gabriel ! répéta le soldat de plus en plus surpris. Et vous êtes prêtre ? ajouta-t-il.

— Prêtre des missions étrangères.

— Et… qui vous a élevé ? demanda le soldat avec une surprise croissante.

— Une excellente et généreuse femme, que je vénère comme la meilleure des mères… car elle a eu pitié de moi… enfant abandonné, et m’a traité comme son fils…

— Françoise… Baudoin… n’est-ce pas ? dit le soldat profondément ému.

— Oui… monsieur, répondit Gabriel, à son tour très-étonné. Mais comment savez-vous ?…

— La femme d’un soldat ? reprit Dagobert.

— Oui, d’un brave soldat… qui, par un admirable dévouement… passe à cette heure sa vie dans l’exil… loin de sa femme… loin de