Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/476

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vrage étant très pénible, elle pouvait au plus parfaire trois de ces sacs en une journée ; son salaire était ainsi de six sous.

On frémit quand on pense au grand nombre de malheureuses femmes dont l’épuisement, les privations, l’âge et la maladie ont tellement diminué les forces, ruiné la santé, que tout le labeur dont elles sont capables leur peut à peine rapporter quotidiennement cette somme si minime… Ainsi leur gain décroît en proportion des nouveaux besoins que la vieillesse et les infirmités leur créent…

Heureusement Françoise avait dans son fils un digne soutien : excellent ouvrier, profitant de la juste répartition des salaires et des bénéfices accordés par M. Hardy, son labeur lui rapportait cinq à six francs par jour, c’est-à-dire plus du double que ne gagnaient les ouvriers d’autres établissements ; il aurait donc pu, même en admettant que sa mère ne gagnât rien, les faire vivre aisément lui et elle.

Mais la pauvre femme, si merveilleusement économe qu’elle se refusait presque le nécessaire, était devenue, depuis qu’elle fréquentait quotidiennement et assidûment sa paroisse, d’une prodigalité ruineuse à l’endroit de la sacristie.

Il ne se passait presque pas de jour où elle