Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/477

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ne fît dire une ou deux messes et brûler des cierges, soit à l’intention de Dagobert dont elle était séparée depuis si longtemps, soit pour le salut de l’âme de son fils qu’elle croyait en pleine voie de perdition. Agricol avait un si bon, un si généreux cœur ; il aimait, il vénérait tant sa mère, et le sentiment qui inspirait celle-ci était d’ailleurs si touchant, que jamais il ne s’était plaint de ce qu’une grande partie de sa paye (qu’il remettait scrupuleusement à sa mère chaque samedi) passât ainsi en œuvres pies.

Quelquefois seulement il avait fait observer à Françoise, avec autant de respect que de tendresse, qu’il souffrait de la voir supporter des privations que son âge et sa santé rendaient doublement fâcheuses, et cela parce qu’elle voulait de préférence subvenir à ses petites dépenses dévotieuses.

Mais que répondre à cette excellente mère lorsqu’elle lui disait les larmes aux yeux :

— Mon enfant, c’est pour le salut de ton père et pour le tien…

Vouloir discuter avec Françoise l’efficacité des messes et l’influence des cierges sur le salut présent et futur du vieux Dagobert, c’eût été aborder une de ces questions qu’Agricol s’était à jamais interdit de soulever par respect