Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/479

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monde eût été fière de la longue et magnifique chevelure brune qui se tordait en une grosse natte derrière la tête de cette jeune fille.

Elle tenait un vieux panier à la main. Quoiqu’elle fût misérablement vêtue, le soin et la propreté de son ajustement luttaient autant que possible contre une excessive pauvreté ; malgré le froid, elle portait une mauvaise petite robe d’indienne d’une couleur indéfinissable, mouchetée de taches blanchâtres, étoffe si souvent lavée, que sa nuance primitive, ainsi que son dessin, s’étaient complètement effacés.

Sur le visage souffrant et résigné de cette créature infortunée, on lisait l’habitude de toutes les misères, de toutes les douleurs, de tous les dédains ; depuis sa triste naissance, la raillerie l’avait toujours poursuivie ; elle était, nous l’avons dit, cruellement contrefaite et par suite d’une locution vulgaire et proverbiale on l’avait baptisée la Mayeux ; du reste on trouvait si naturel de lui donner ce nom grotesque qui lui rappelait à chaque instant son infirmité, qu’entraînés par l’habitude, Françoise et Agricol, aussi compatissants envers elle que d’autres se montraient méprisants et moqueurs, ne l’appelaient jamais autrement.

La Mayeux, nous la nommerons ainsi désormais, était née dans cette maison que la femme