Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/488

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quarante francs comptants. Or, comment prélever trente ou quarante francs comptant sur un salaire de quatre ou cinq francs par semaine, qui suffit, on le répète, à peine à se vêtir et à ne pas absolument mourir de faim ?

Non, non, il faut que la malheureuse se résigne à cette répugnante cohabitation ; aussi peu à peu l’instinct de la pudeur s’émousse forcément ; ce sentiment de chasteté naturelle qui a pu jusqu’alors la défendre contre les obsessions de la débauche… s’affaiblit chez elle ; dans le vice, elle ne voit plus qu’un moyen d’améliorer un peu un sort intolérable… elle cède alors… et le premier agioteur qui peut donner une gouvernante à ses filles s’exclame sur la corruption, sur la dégradation des enfants du peuple…

Et encore l’existence de ces ouvrières, si pénible qu’elle soit, est relativement heureuse

Et si l’ouvrage manque un jour, deux jours ?

Et si la maladie vient ? Maladie presque toujours due à l’insuffisance ou à l’insalubrité de la nourriture, au manque d’air, de soins, de repos ; maladie souvent assez énervante pour empêcher tout travail, et pas assez dangereuse pour mériter la faveur d’un lit dans un hôpital…

Alors, que deviennent ces infortunées ? En