Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/489

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vérité, la pensée hésite à se reposer sur de si lugubres tableaux.

Cette insuffisance des salaires, source unique, effrayante de tant de douleurs, de tant de vices souvent… cette insuffisance de salaires est générale, surtout chez les femmes ; encore une fois, il ne s’agit pas ici de misères individuelles, mais d’une misère qui atteint des classes entières. Le type que nous allons tâcher de développer dans la Mayeux résume la condition morale et matérielle de milliers de créatures humaines, obligées de vivre à Paris avec quatre francs par semaine.

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La pauvre ouvrière, malgré les avantages qu’elle devait, sans le savoir, à la générosité d’Agricol, vivait donc misérablement ; sa santé, déjà chétive, s’était profondément altérée à la suite de tant de mortifications ; pourtant, par un sentiment de délicatesse extrême, et bien qu’elle ignorât le léger sacrifice fait pour elle par Agricol, la Mayeux prétendait gagner un peu plus qu’elle ne gagnait réellement, afin de s’épargner des offres de service qui lui eussent été doublement pénibles, et parce qu’elle savait la position gênée de Françoise et de son fils, et parce qu’elle se fût sentie blessée dans sa susceptibilité naturelle, encore exaltée par des