Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/492

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cacher son amour au plus profond de son cœur… Obligée à cette réserve, à cette dissimulation profonde, la Mayeux ne chercha pas à fuir cet amour. À quoi bon ? Qui le saurait jamais ? Son affection fraternelle bien connue pour Agricol suffisait à expliquer l’intérêt qu’elle lui portait ; aussi n’était-on pas surpris des mortelles angoisses de la jeune ouvrière, lorsqu’en 1830, après avoir intrépidement combattu, Agricol avait été rapporté sanglant chez sa mère.

Enfin, trompé comme tous par l’apparence de ce sentiment, jamais le fils de Dagobert n’avait soupçonné et ne devait soupçonner l’amour de la Mayeux.

Telle était donc la jeune fille pauvrement vêtue qui entra dans la chambre où Françoise s’occupait des préparatifs du souper de son fils.

— C’est toi, ma pauvre Mayeux, lui dit-elle, je ne t’ai pas vue ce matin ; tu n’as pas été malade ?… Viens donc m’embrasser.

La jeune fille embrassa la mère d’Agricol, et répondit :

— J’avais un travail très-pressé, madame Françoise ;… je n’ai pas voulu perdre un moment, je viens seulement de le terminer… Je vais descendre pour chercher du charbon : n’avez-vous besoin de rien ?

— Non, mon enfant… merci… mais tu me