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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/493

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vois bien inquiète… Voilà huit heures et demie… Agricol n’est pas encore rentré…

Puis elle ajouta avec un soupir :

— Il se tue de travail pour moi. Ah ! je suis bien malheureuse, ma pauvre Mayeux… mes yeux sont complètement perdus :… au bout d’un quart d’heure, ma vue se trouble… je n’y vois plus… plus du tout… même à coudre ces sacs… Être à la charge de mon fils… ça me désole.

— Ah ! madame Françoise, si Agricol vous entendait !…

— Je le sais bien, le cher enfant ne songe qu’à moi… c’est ce qui rend mon chagrin plus grand… Et puis enfin, je songe toujours que, pour ne pas me quitter, il renonce à l’avantage que tous ses camarades trouvent chez M. Hardy, son digne et excellent bourgeois… Au lieu d’habiter ici sa triste mansarde, où il fait à peine clair en plein midi, il aurait, comme les autres ouvriers de l’établissement, et à peu de frais, une bonne chambre bien claire, bien chauffée dans l’hiver, bien aérée dans l’été, avec vue sur les jardins, lui qui aime tant les arbres ; sans compter qu’il y a si loin d’ici à son atelier, qui est situé hors Paris, que c’est pour lui une fatigue de venir ici…

— Mais il oublie cette fatigue-là en vous embrassant, madame Baudoin, et puis il sait