Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/496

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ble… c’est que tu ne me pardonnerais pas de faire attendre le bon petit repas que tu me prépares, et cela dans la crainte qu’il soit moins bon… gourmande… va !

Et ce disant, le forgeron voulut encore embrasser sa mère.

— Mais finis donc… vilain enfant… tu vas me faire renverser le poêlon.

— Ça serait dommage, bonne mère, car ça embaume… Laissez-moi voir ce que c’est…

— Mais non… attends donc…

— Je parie qu’il s’agit de certaines pommes de terre au lard que j’adore.

— Un samedi, n’est-ce pas ? dit Françoise d’un ton de doux reproche.

— C’est vrai, dit Agricol en échangeant avec la Mayeux un sourire d’innocente malice ; mais à propos de samedi, ajouta-t-il, tenez, ma mère, voilà ma paye.

— Merci, mon enfant, mets-la dans l’armoire.

— Oui, ma mère.

— Ah ! mon Dieu ! dit tout à coup la jeune ouvrière au moment où Agricol allait mettre son argent dans l’armoire, quelle belle fleur tu as à la main, Agricol !… je n’en ai jamais vu de pareille… et en plein hiver encore… Regardez donc, madame Françoise.