Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/50

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Puis là, pressées l’une contre l’autre, elles se mirent à pleurer, pendant que, debout derrière elles, le soldat, croisant ses mains sur son long bâton, y appuyait son front chauve.

— Allons… allons, il ne faut pas vous chagriner, dit-il doucement, au bout de quelques minutes, en voyant des larmes couler sur les joues vermeilles de Rose et de Blanche toujours à genoux, peut-être retrouverons-nous le général Simon à Paris, ajouta-t-il ; je vous expliquerai cela ce soir à la couchée… J’ai voulu exprès attendre à aujourd’hui pour vous apprendre bien des choses sur votre père ; c’était une idée à moi… parce que ce jour est comme un anniversaire.

— Nous pleurons, parce que nous pensons aussi à notre mère, dit Rose.

— À notre mère que nous ne reverrons plus que dans le ciel, ajouta Blanche.

Le soldat releva les orphelines, les prit par la main, et les regardant tour à tour avec une expression d’ineffable attachement, rendue plus touchante encore par le contraste de sa rude figure :

— Il ne faut pas vous chagriner ainsi, mes enfants. Votre mère était la meilleure des femmes, c’est vrai… Quand elle habitait la Pologne, on l’appelait la Perle de Varsovie ; c’est