Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/51

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la perle du monde entier qu’on aurait dû dire… car dans le monde entier on n’aurait pas trouvé sa pareille… Non… non…

La voix de Dagobert s’altérait, il se tut et passa ses longues moustaches grises entre son pouce et son index, selon son habitude.

— Écoutez, mes enfants, reprit-il après avoir surmonté son attendrissement, votre mère ne pouvait vous donner que les meilleurs conseils, n’est-ce pas ?

— Oui, Dagobert.

— Eh bien ! qu’est-ce qu’elle vous a recommandé avant de mourir ? De penser souvent à elle, mais sans vous attrister.

— C’est vrai ; elle nous a dit que Dieu, toujours bon pour les pauvres mères dont les enfants restent sur terre, lui permettrait de nous entendre du haut du ciel, dit Blanche.

— Et qu’elle aurait toujours les yeux ouverts sur nous, ajouta Rose.

Puis les deux sœurs, par un mouvement spontané, rempli d’une grâce touchante, se prirent par la main, tournèrent vers le ciel leurs regards ingénus, et dirent avec l’adorable foi de leur âge :

— N’est-ce pas, mère… tu nous vois ?… tu nous entends ?…

— Puisque votre mère vous voit et vous en-