Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/500

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trop de n’avoir pas eu le plaisir de vous remercier elle-même. » Et sans me laisser le temps de répondre, cette jeune fille me fait signe de la suivre… Dame ! ma bonne mère, vous raconter ce que j’ai pu voir de magnificence en traversant un petit salon à demi éclairé, qui embaumait, ça me serait impossible ; la jeune fille marchait trop vite ; une porte s’ouvre : ah ! c’était bien autre chose ! C’est alors que j’ai eu un tel éblouissement, que je ne me rappelle rien qu’une espèce de miroitement d’or, de lumière, de cristal et de fleurs, et au milieu de ce scintillement, une jeune demoiselle d’une beauté, oh ! d’une beauté idéale… mais elle avait les cheveux roux ou plutôt brillants comme de l’or… C’était charmant ; je n’ai de ma vie vu de cheveux pareils !… Avec ça, des yeux noirs, des lèvres rouges et une blancheur éclatante, c’est tout ce que je me rappelle… car, je vous le répète, j’étais si surpris, si ébloui, que je voyais comme à travers un voile… « Mademoiselle, dit la jeune fille, que je n’aurais jamais prise pour une femme de chambre, tant elle était élégamment vêtue, voilà Lutine ; monsieur l’a trouvée, il la rapporte. — Ah ! monsieur, me dit d’une voix douce et argentine la demoiselle aux cheveux dorés, que de remerciements j’ai à vous faire !… Je suis follement attachée à Lu-