Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/502

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où je prenais la fleur, sans oser lever les yeux, car, quoique je ne sois pas timide, il y avait dans cette demoiselle, malgré sa bonté, quelque chose qui m’imposait, une porte s’ouvre, et une autre belle jeune fille, grande et brune, mise d’une façon bizarre et élégante, dit à la demoiselle rousse : « Mademoiselle, il est là… » Aussitôt elle se lève et me dit : « Mille pardons, monsieur, je n’oublierai jamais que je vous ai dû un moment de vif plaisir… Veuillez, je vous en prie, en toute circonstance, vous rappeler mon adresse et mon nom, Adrienne de Cardoville. » Là-dessus elle disparaît. Je ne trouve pas un mot à répondre ; la jeune fille me reconduit, me fait une jolie petite révérence à la porte, et me voilà dans la rue de Babylone, aussi ébloui, aussi étonné, je vous le répète, que si je sortais d’un palais enchanté…

— C’est vrai, mon enfant, ça a l’air d’un conte de fées ; n’est-ce pas, ma pauvre Mayeux ?

— Oui, madame Françoise, dit la jeune fille d’un ton distrait et rêveur qu’Agricol ne remarqua pas.

— Ce qui m’a touché, reprit-il, c’est que cette demoiselle, toute ravie qu’elle était de revoir sa petite bête, et loin de m’oublier pour elle, comme tant d’autres l’auraient fait à sa place, ne s’en est pas occupée devant moi ;